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Essai: pneus Michelin CrossClimate

publié le 31 janvier 2017

Depuis le printemps 2015, Michelin s'est positionné sur le marché des pneus toutes saisons avec une proposition différente de ce que peut proposer la concurrence. En effet, le CrossClimate a été développé comme un pneu été ayant des capacités de traction sur sol enneigé, au contraire de ses concurrents qui se basent plutôt sur un profil de pneu hiver pour développer leurs pneus quatre saisons.

La promesse faite par Michelin est de taille: le CrossClimate est censé associer trois qualités difficilement compatibles. Il doit offrir des qualités comparables à un pneu été en matière de freinage sur sol sec, une longévité comparable aux meilleurs pneus à faible résistance au roulement et surtout, des capacités de motricité sur la neige, permettant à Michelin d’apposer le symbole alpin sur les flancs du pneu.

A l’heure du choix

Le choix des CrossClimate a été dicté par plusieurs critères. En premier lieu, l’adoption d’un pneu avec des capacités d’adhérence sur route enneigée (présence du symbole alpin sur les flancs). Ils viennent en remplacement de pneus simplement estampillés M+S: la performance de ces derniers était assez quelconque (pour ne pas dire médiocre) sur sol mouillé ou enneigé.

La traditionnelle permutation, pneus hiver / pneus été, était une autre possibilité. Toutefois, les capteurs de pression intégrés dans les valves des pneumatiques obligeaient à conserver les mêmes jantes et démonter les pneus à chaque permutation (longue et fastidieuse à chaque changement, cette solution n'est pas nécessairement recommandée pour préserver la qualité des flancs des pneus).

L’achat de nouvelles jantes pour monter les pneus hiver était envisageable à condition de se passer du contrôle de pression des pneumatiques (potentiellement interdit) lorsque le véhicule est chaussé de pneus hiver et à chaque permutation, un passage au garage est nécessaire pour activer ou désactiver le système de surveillance. L'achat de nouvelles valves à poser sur les jantes hiver a été une hypothèse rapidement écartée en raison du prix prohibitif des valves en après-vente.

Dès lors, il ne restait plus, comme autre alternative, que les pneus toutes saisons… sauf que ces derniers n’offrent pas un compromis idéal avec, généralement, des performances assez limitées en été et une longévité réduite. Tout nouveau, tout beau, le choix du CrossClimate était donc, en quelque sorte un pari.

Caractéristiques techniques

Le CrossClimate s’appuie sur trois innovations principales:

Le Crossclimate fait appel une silice dite de dernière génération, plus fine. Cette silice permet de conserver les qualités d’adhérence, en particulier sur sol mouillé, tout en améliorant significativement la résistance à l’usure du pneumatique. D’autre part, la carcasse a recours à un nouveau matériau sous la bande de roulement permettant de limiter l’échauffement du pneu, au bénéfice de la résistance au roulement, plus faible.

La démarche du CrossClimate n’est pas sans rappeler le développement du pneu slick hybride que Michelin propose pour les courses d’endurance (pour les prototypes LMP1 du championnat WEC incluant les 24h du Mans). Ce pneu, introduit en 2012 en compétition, est un pneu dont le mélange de gomme spécifique et qui permet de rouler sur piste humide alors même que la bande de roulement est complètement lisse: le pneu slick hybride a d’ailleurs remplacé les pneus intermédiaires.

Au centre de la bande de roulement, la sculpture en V a un angle aigu: cette caractéristique permet d’optimiser l’adhérence sur la neige en virage. Au niveau des épaulement, l’angle du V est plus évasé afin d’améliorer la motricité longitudinale sur route enneigée (accélération, freinage).

D’autre part, dans la profondeur, les lamelles sont ondulées. Cette particularité permet de donner un effet autobloquant lorsque le pneu est sollicité sur sol sec, au bénéfice de la stabilité. Lorsque le véhicule évolue sur la neige, ces lamelles 3D autobloquantes assurent un rôle comparable aux lamelles traditionnelles des pneumatiques hiver avec un effet de griffe sur la neige.

Pour garantir des qualités de motricité tout au long de la vie du pneu, le pneu s’appuie sur la technologie Evergrip, initialement développée sur le pneu toutes saisons Premier A/S commercialisé en Amérique du Nord. Lorsque le pneu s’use, certaines rainures apparaissent et d’autre s’élargissent afin de compenser la réduction de hauteur du profil.

Les premiers kilomètres

Les premiers kilomètres chaussés de CrossClimate laissent un sentiment mitigé. De fait, lors des 300 premiers kilomètres, ils se montrent relativement bruyants. Passées les premières centaines de kilomètres, le bruit s’estompe significativement.

D’autre part, sur les 700 premiers kilomètres, les pneus apportent une sensation de flottement au volant en virage, quelles que soient les conditions météorologiques (route sèche ou mouillée). Cette caractéristique laisse à penser que ce pneu n’a pas sa place sur une berline sportive.

Après 20.000 km

20.000 km plus tard et après avoir traversé un été chaud, il est temps de faire un bilan sur la longévité: avec un profil d’une hauteur de 6 mm à l’avant et 7 mm à l’arrière, la promesse de longévité est tenue (sur un kilométrage équivalent, les prédecesseurs, des Michelin Latitude HP - pneus été avec marquage M+S, n’avaient plus que 4 mm de gomme à l’avant et 6mm à l’arrière).

Outre la longévité du pneumatique, c’est surtout sa grande stabilité, et ce, par tous les temps, qui est le véritable point fort de ce pneu. Qu’il s’agisse d’opérer un freinage d’urgence sur sol sec ou sur chaussée mouillée, le pneumatique ne bronche pas et l’ABS ne se déclenche pas intempestivement: c’est un pneu rassurant sur lequel on peut compter dans toutes les situations. Lorsque la chaussée est abondamment mouillée, le CrossClimate n’est pas spécialement sujet à l’aquaplanage.

La sensation de flottement s’est largement estompée après les premières centaines de kilomètres, elle n’est plus ressentie dans les conditions de conduite normales. Il faudra vraiment pousser les pneus dans leurs retranchements pour noter un léger déphasage dans les phases transitoires en virage.

Après 40.000 km

Après avoir parcouru 42.000 km équipés de CrossClimate, ces derniers ont été remplacés, à cause de l'usure (moins de 2.0 mm de hauteur de profil), par des CrossClimate+.

La promesse de Michelin, à savoir "des performances qui durent du premier au dernier kilomètre", sont quasiment tenues et dans les faits, il n'y a guère que lorsque le profil est inférieur 2.5 mm que le comportement du pneu s'est significativement dégradé, en particulier au niveau de la motricité sur sol mouillé (les pneumatiques n'ont pas été testés sur sol enneigé dans cette configuration).

D'autre part, dans ces conditions, la stabilité s'est amoindrie, ce qui se traduit notamment par un cap assez difficile à maintenir dans des conditions où il y a du vent de côté. Il est à noter que ce comportement n'a rien d'anormal et se retrouve sur la plupart des pneumatiques usagés.

Sur la neige

Le comportement sur neige était un des éléments sur lequel le CrossClimate suscitait le plus d’interrogations. Dans les faits, c’est un pneu pleinement sécurisant: sa motricité est largement suffisante sur route enneigée pour se sortir de bien des mauvais pas et la conduite sur neige est sereine. Plus simplement, on ne se sent pas moins en confiance avec le CrossClimate qu’avec un pneu hiver.

Note : les capacités du CrossClimate ont été testées lors d’épisodes neigeux soudains dans l’Est de la France (5 à 10 centimètres de matelas neigeux) et non sur des routes de montagne.

Conclusion

A l’usage, le Michelin CrossClimate tient effectivement ses promesses. Non seulement il ne s’use pas plus vite qu’un pneu été, mais surtout, il permet de rouler tout au long de l’année en toute sérénité. Qu’il fasse chaud ou froid, que la chaussée soit sèche, détrempée ou enneigée, le CrossClimate répondra présent et permettra au conducteur de conserver une conduite sereine.

Son seul véritable défaut, c’est le léger flottement qui est surtout ressenti sur les premières centaines de kilomètres d’utilisation du pneu. Ce défaut fait que ce pneu n’est pas recommandé sur un véhicule à vocation sportive et reste donc limité aux véhicules conduits en bon père de famille.

Michelin CrossClimate+

Depuis le premier trimestre 2017, Michelin propose une évolution du CrossClimate dénommée CrossClimate+. Visuellement, il n'y a vraisemblablement aucune évolution du profil de la bande de roulement. Le seul changement notable est le "+" apposé sur le flanc du pneumatique. D'aileurs, selon le manufacturier, seule la composition du mélange de gomme aurait évolué.

Cette évolution permettrait d'améliorer la durée de vie du pneumatique et de niveler la perte de performance entre un pneumatique à l’état neuf et un pneumatique usagé. Ces améliorations se font au détriment du freinage sur sol mouillé qui est légèrement dégradé.

Selon le système d’identification défini par l’Union Européenne, la note de freinage passe donc de A (meilleure note possible) à B. Sur un freinage de 80 km/h à 20 km/h effectué sur sol mouillé, cela se traduit par une augmentation de la distance de freinage d’environ 3 mètres. En revanche, le CrossClimate+, selon les dimensions, gagne un indice en passant de C à B en matière de résistance au roulement.

Les premiers kilomètres montrent que le CrossClimate+ conserve les qualités de son aîné, à savoir un bon comportement général, notamment au freinage, que ce soit sur sol sec ou sol mouillé. La dégradation de la distance de freinage sur sol mouillé ne se ressent pas l’usage. De fait, lors d’un freinage appuyé, on garde la sensation que le pneumatique « mord » le sol et, en aucun cas, l’ABS ne se déclenche prématurément.

Sur les premières centaines de kilomètres, le bourdonnement noté sur le CrossClimate reste présent. En revanche, le flottement ressenti dans la direction lors d’une mise en virage semble avoir complètement disparu. Sans atteindre les prestations d’un pneumatique sportif, le comportement du CrossClimate+ est très satisfaisant, dès les premiers kilomètres. Il ne lui restera plus qu’à confirmer ses bonnes disposition sur un sol enneigé.

Michelin CrossClimate2

Au début du second semestre 2020, Michelin a présenté le successeur des CrossClimate et CrossClimate+ : le CrossClimate2 a sensiblement évolué pour améliorer ses prestations de freinage sur sol mouillé (les prestations du CrossClimate+ avaient sensiblement régressées sur ce point par rapport au CrossClimate), d'adhérence sur sol sec et de bruit.

Si le principe de la sculpture en V est conservé, la géométrie évolue tout de même significativement avec, en premier lieu, des rainures principales plus larges et l'angle du V plus fermé (les rainures sont plus verticales). De plus, le haut du flanc a aussi une géométrie travaillée (en forme de triangle). Ces évolutions permettent d'améliorer les performances en matière de freinage sur sol mouillé en facilitant l'évacuation de l'eau.

La fine rainure au niveau de la bande centrale prend la forme d'un serpentin au lieu d'une rainure rectiligne. D'autre part, les lamelles antérieures, plus fines, sont soutenues par des renforts permettant d'améliorer la rigidité de ces dernières. Ces deux modifications permettent d'améliorer l'adhérence du pneumatique sur sol sec. D'autre part, 3 encoches ont été ajoutées au niveau du bord d'attaque des lamelles afin de favoriser le grip sur sol enneigé.

Afin d'améliorer les prestations en matière de bruit du CrossClimate, Michelin a chanfreiné les bords d'attaque et de fuite des lamelles  Ensuite, la largeur d'une lamelle à l'autre est différente et l'ordonnancement de ces différentes largeurs est assez aléatoire : cette technique permet de diminuer effectivement les bruits de résonance du pneumatique (ce concept a été repris du Michelin CrossClimate de première génération).

Les CrossClimate et CrossClimate+ resteront disponibles en parallèle des CrossClimate2, ces derniers n'étant pas disponibles (encore) dans toutes les tailles. Le CrossClimate2 est d'ores et déjà disponible sur le marché américain et il est attendu en Europe courant 2021.

Crédits photos: Michelin / Guillaume Darding (pneu usagé, roue enneigée, illustration technique CrossClimate2)

denicfr
le 11 avril 2023 à 10h51
J'ai finalement pris l'option de mettre des CrossClimate2 à l'arrière.
La tenue de route est très bonne sur toute sinueuse, on sent bien qu'on a changé les pneus arrières. Sur autoroute, j'ai l'impression que l'arrière surjoue les moindres mouvements de caisse, comme si on avait du vent de côté, ce qui rend la conduite fatigante et pas très sécurisante. Cela dit je n'ai fait que 600km ce week-end avec et je n'ai pas vérifié la pression des pneus mise au garage, je soupçonne que c'est trop gonflé.
Pour l'état des pneus au niveau usure, réponse dans 2 ans ! :-)
Guillaume Darding [administrateur]
le 11 avril 2023 à 16h17
Bonjour denicfr,

pour avoir utilisé les Crossclimate+ longtemps dans des conditions météo assez similaires aux vôtres, je n'ai pas remarqué de problème d'usure prématurée sur ces pneus et je n'ai pas non plus lu de critiques particulières à ce sujet.

Aussi, si vous aviez précédemment des Primacy 3 aussi à l'avant, je pense qu'il ne faut pas s'attendre à obtenir la même longévité avec les CrossClimate (il se défendent très bien à ce sujet, je trouve, mais il est aussi certain que les Primacy font mieux... seulement, les Primacy ne vont pas beaucoup vous aider sur la neige, on ne peut pas tout avoir).

Concernant vos nouveaux pneus arrière, je penche aussi sur une pression de gonflage pas nécessairement adaptée. D'ailleurs, en règle générale, je recommande de vérifier la pression des pneus 2-3 jours après en avoir changé pour vérifier que tout est OK (notamment, certains monteurs peu scrupuleux ne changent pas la valve de gonflage, ce qui génère très souvent des fuites plus ou moins importantes) et que la pression correspond à la pression préconisée (certains monteurs gonflent à une pression "standard" pour gagner un peu de temps, sans vérifier l'étiquette du véhicule).

Pour information, je suis aussi passé aux CrossClimate2 il y a un mois sur un de mes véhicules et je n'ai pas noté de différence flagrante de comportement routier par rapport aux CrossClimate+ (pluie et sec, je n'ai pas eu l'occasion de les tester sur la neige).
François Broquet
le 14 septembre 2023 à 17h32
Bonjour,
je viens de voir votre expérience positive sur CrossClimate.
Permettez moi de vous remonter mon expérience qui elle est complètement négative! pour la faire courte, 3 des 4 pneus CrossClimate ont tenu 1 an et 3 mois, avec 24 200 km, pneus avant usés à la corde, et pneu arrière droit à tout simplement explosé. en roulant!!!
Seul le pneu arrière gauche présente une usure normale.
les 4 pneus ont été installé en même temps sur un Jumpy 2011.
je suis effaré. je pensais avoir pris le top. déçu, hyper déçu! et même une certaine colère contre la qualité que Michelin veut nous vendre...
Josspross
le 12 novembre 2023 à 21h17
Bonjour,
Tout d'abord félicitations pour site internet très complet ! J'ai notamment fortement apprécié votre article sur le moteur 1.5 TSI.
Propriétaire d'une VW Golf 7 1.5 TSI 130 de 2018 avec 60 000 km, mes pneus sont maintenant à remplacer. J'ai choisi les pneus MICHELIN CROSSCLIMATE 2. La monte d'origine, en pneu été est 205/55/R16 91V.
J'hésite entre 2 montures :
- 205/55 R16 94V XL, référence 170766, noté B B A ;
- 205/55 R16 91V, référence 252295, noté C B A.
Les tests du CrossClimate 2, effectués en 2021 par la presse, ont été effectués sur une VW GOLF 7 avec la première monture (94V XL). Les performances semblent meilleures d'après la notation. Du coup j'ai une préférence pour la première monture, qu'en pensez-vous ?
Merci beaucoup pour votre avis,
Josselin.
Guillaume Darding [administrateur]
le 13 novembre 2023 à 14h51
Bonjour Josspross et merci beaucoup pour vos encouragements !

Pour ma part, j'aurais plutôt tendance à choisir la monte en 91V car les flancs seront plus souples (contrairement au 94V qui supportent de plus fortes charges - véhicules plus lourds), il devrait être supérieur en matière de confort ainsi qu'en terme de bruit dans la vie réelle (même si 2 pneus obtiennent la même note sur les tests - tests qui sont standardisés, à vitesse constante et unique et sur route sèche - voir https://www.guillaumedarding.fr/nouvelle-reglementation-sur-les-pneumatiques-1081808.html ).

En matière de consommation, si la 2ème monture est moins bien notée (C contre B pour la 1ère), la différence sera à peine perceptible, pour ne pas dire imperceptible (on parle d'une différence de 0,1 à 0,2 l/100 km tout au plus sur un test standardisé).
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