Le cycle NEDC ("New European Driving Cycle") est le maître étalon en Europe pour qualifier la consommation de carburant et les rejets polluants d'un véhicule. Il sert notamment de base en France pour déterminer le barême du bonus/malus.
S'il permet d'évaluer, en théorie, la consommation d'un véhicule, il n'en est rien dans les faits: les consommations extrapolées du cycle NEDC ne sont pas conformes à la consommation réelle.
Le cycle NEDC se décompose en 2 cycles: le cycle urbain et le cycle extra-urbain. La mesure s'effectue sur un véhicule rôdé (ayant parcouru plus de 3.000km) positionné sur un banc à rouleaux permettant de simuler la résistance à l'avancement (influence de l'aérodynamique du véhicule, frottement des pneus sur la route). Le véhicule doit être à son poids en ordre de marche (tous pleins faits et un conducteur de 75 kg).
D'une durée de 1180 secondes (soit 19 minutes et 40 secondes), le test couvre une distance de 11 km à la vitesse moyenne de 33,6 km/h.
Le véhicule doit être entreposé au minimum 6h avant la mesure dans un local dont la température est comprise entre 20 °C et 30 °C. Le moteur doit être froid (huile moteur à la température de la pièce).
Toutefois, avant d'être entreposés, les véhicules à moteur diesel doivent effectuer un préconditionnement en effectuant trois fois le cycle extra-urbain. Cette manoeuvre a pour but d'évaluer plus précisément les rejets de particules de ces moteurs. Depuis l'application des normes Euro 5, les véhicules à moteur diesel sont systématiquement équipés de filtre à particules qui stockent ces dernières avant de les brûler lorsque le filtre est plein (régénération du filtre) à haute température. Le préconditionnement doit permettre de démarrer les mesures avec un filtre régénéré.
Durant le cycle, les gaz sont recueillis dans un sac adéquat afin d'analyser par après la concentration des gaz. La consommation de carburant est déduite de la quantité de CO2 rejetée durant le cycle.
Le cycle urbain est composé de 4 parties identiques longues de 195 secondes chacune. Chaque boucle équivaut à une distance de 1 km parcouru à la vitesse moyenne de 18,7 km/h (en prenant en compte les périodes où le véhicule est à l'arrêt).
En 3 minutes et 15 secondes, le véhicule effectuera, selon un schéma bien défini, 3 accélérations: la première de 0 à 15 km/h, la deuxième de 0 à 32 km/h et la dernière de 0 à 50 km/h.
Les accélérations produites lors de ce cycle sont très faibles. Notamment, le cycle impose une accélération de 0 à 50 km/h en 26 secondes. La Renault Zoé est capable de réaliser cette accéleration en 4 secondes et il faut 10 à 15 secondes pour une voiture à moteur thermique (considérant un moteur de faible puissance) pour accélérer de 0 à 100 km/h (13,5s pour la citadine électrique de Renault).
Durant le cycle urbain, le conducteur n'est habilité qu'à utiliser les 3 premiers rapports. Pendant un cycle de 195 secondes, le véhicule reste 24 secondes sur le premier rapport, 53 secondes en deuxième vitesse et 41 secondes sur le troisième rapport.
Le cycle extra-urbain est effectué à la suite du cycle urbain. D'une durée de 400 secondes, il représente une distance de 7 km parcourus à la vitesse moyenne de 62,6 km/h.
Tout comme pour le cycle urbain, les accélérations restent à un niveau faible. La vitesse maximum atteinte est de 120 km/h, ce qui correspond à la vitesse maximum autorisée sur autoroute dans nombre de pays européens. Ce palier n'est maintenu que 10 secondes sur la totalité du cycle.
Au cours du cycle extra-urbain, le conducteur est autorisé à utiliser tous les rapports de la boîte de vitesses. Les 3 premiers rapports ne sont utilisés que dans la phase d'accélération vers le premier palier à 70 km/h. Sur la durée du cycle extra-urbain, ils ne sont utilisés que 22 secondes contre 99 secondes sur le quatrième rapport et 233 secondes pour les rapports supérieurs.
Le palier à 50 km/h, d'une durée de presque 70 secondes est cette fois-ci effectué sur le 4ème rapport (au contraire du cycle urbain où ce même palier est accompli sur le troisième rapport).
Outre les faibles accélérations, le cycle NEDC ne tient pas compte des équipements de la voiture. Ainsi ne sont pas quantifiés l'influence de la climatisation, des phares, des essuies-glace, du système audio ou multimédia, etc. Tous ces accessoires sont pourtant utilisés quotidiennement et ont des conséquences néfastes en matière de consommation de carburant (il serait néanmoins compliqué de déterminer un niveau d'utilisation représentatif de ces composants sur un cycle standardisé).
D'autre part, le cycle NEDC comporte beaucoup de paliers où le véhicule est à vitesse stabilisée. Le constructeur a dès lors tout intérêt à optimiser les rapports de vitesse pour ces paliers, ce qui équivaut à allonger au maximum les rapports de boîte. Ce qui est bénéfique à allure stable ne l'est pas en conditions réelles: le conducteur sera souvent contraint de rétrograder plus fréquemment, aux dépens de la consommation.
L'exemple le plus parlant est le cas du moteur Fiat Twinair, un bicylindre de 0,9l. Ses émissions de CO2 se limitent à 92 g/km (boîte manuelle, puissance de 85 chevaux) sur le cycle NEDC, soit une consommation équivalente de 4,0 l/100km. Or, la plupart des essais presse relèvent une consommation beaucoup plus importante de l'ordre de 7,0 l/100km (exemple: essais réalisés par leblogauto.com et challenges.fr - version 105 chevaux).
Consciente des faiblesses du cycle NEDC, l'Union Européenne doit adopter pour les futures normes un cycle à la procédure harmonisée au niveau mondial. Le cycle WLTP (Worldwide harmonized Light duty Test Procedure) est voué à remplacer le cycle actuel à l'horizon 2017. Il se veut une synthèse des différents cycles usités à travers le monde (Europe, Japon, Inde, USA, Chine, Corée du Sud). Etant donné le nombre d'acteurs, les procédures de tests sont toujours en discussion à l'heure actuelle. La proposition actuelle, appliqué à l'automobile se décompose en 4 phases: lente, moyenne, rapide et très rapide.
Le cycle WLTP se veut plus réaliste grâce à des niveaux d'accélération plus rapides et très peu de régimes stabilisés. Ces procédures devraient limiter notamment la prolifération des rapports de boîte de vitesses longs.
L'Union Européenne prévoit d'adopter le cycle WLTP au plus tard en 2017. Les instances européennes, en concertation avec les constructeurs automobiles, pourraient alors être amenées à revoir l'objectif voté récemment de 95 g/km de CO2 en 2020.
Etant un test standardisé, les automobilistes ne doivent pas s'attendre à ce que les consommations données par ce nouveau cycle soient fidèles de la consommation réelle. Les écarts devraient être moins flagrants, il faut toutefois garder à l'esprit que les tests se déroulent dans des conditions idéales: température élevée, absence de vent, accessoires éteints, hors options du véhicules qui peuvent grêver le poids.
Crédits image:
- banc de test: AVL
- cycle WLTP: DieselNet