Si la sécurité routière ne semble axée que sur des campagnes de répression concernant la vitesse et l'alcool, ces mesures tendent aussi à déresponsabiliser les conducteurs. En faisant croire à ces derniers qu'il suffit de rouler en-deça de la vitesse limite sans être alcoolisé, elle occulte le fait que la conduite nécéssite une excellente concentration, une attention permanente et une parfaite connaissance de son véhicule.
En 2013, les autorités françaises ont comptabilisé un total de 3250 morts sur les routes de France. Ce nombre représente une moyenne de 9 morts par jour. Pourtant, peu d'écho est fait des accidents routiers, sauf des plus graves.
L'idée n'est pas de banaliser les faits par une trop grande exposition (ils sont de toute façon largement sous-estimés à l'heure actuelle) ou de faire du voyeurisme, mais de prendre conscience qu'un accident peut survenir en toute circonstance.
D'autre part, une meilleure exposition médiatique inciterait les autorités à mener des enquêtes plus poussées pour déterminer les causes d'un accident: il paraît inimaginable de constater qu'en 2013, plus que la vitesse (26%) et l'alcool (17%), la cause d'un accident mortel est, dans près de 40% des cas, indéterminée.
A l'heure actuelle, la formation est faite de sorte à ce que le candidat puisse s'insérer dans le flot de la circulation sans le perturber. C'est notamment pour cette raison que le sempiternel créneau demeure, par exemple, un point capital dans l'apprentissage des manoeuvres.
Pourtant, si le créneau est une manoeuvre importante à basse vitesse, beaucoup de manoeuvres à haute vitesse sont occultées. Et les conséquences d'une erreur à haute vitesse peuvent s'avérer dramatiques.
L'ABS et l'ESP sont désormais obligatoires dans tout nouveau véhicule. Malheureusement, le grand public est peu sensibilisé à ces technologies. Pire, faute d'informations complètes, certaines personnes sont amenées à croire que l'ABS réduit les distances de freinage et que l'ESP est un ange gardien qui évite les sorties de route.
Si des formations existent, elles ne sont aujourd'hui que peu accessibles, que ce soit en raison de leur coût ou des disponibilités. D'autre part, l'intérêt pour les conducteurs est limité puisque les compagnies d'assurance ne proposent que peu (ou pas) d'avantages aux personnes suivant ce type de formation.
Or, les stages de conduite défensive permettent d'appréhender nombre de situations délicates: peu de conducteurs, par exemple, ont été confrontés à la mise en fonction de l'ABS lors d'un freinage critique. Pourtant, l'ABS peut provoquer des vibrations importantes dans la pédale de frein et pousser le conducteur à relâcher la pression sur la pédale. C'est une erreur qui peut être fatale et qui pourtant peut être corrigée très simplement avec un peu d'entraînement.
Il en va de même pour le port de la ceinture de sécurité: beaucoup de personnes n'ont pas conscience de la violence d'un choc et estiment qu'il est possible de se retenir avec ses bras et ses jambes à faible vitesse puis que les airbags amortiront l'impact. Grave erreur encore qu'il peut être facile de démontrer avec de simples simulateurs.
Dernier exemple que peut mettre en évidence ce type de formation: l'impact d'une simple conversation (comme une conversation téléphonique par exemple) sur le temps de réaction. Ce dernier peut largement être doublé (passant d'une seconde environ à plus de deux secondes). En ville, à 50 km/h, c'est ce qui peut faire la différence entre s'arrêter juste avant le passage piéton et renverser un piéton (à cette vitesse, une voiture parcourt près de 14 mètres par seconde).
A l'image des stages de conduite, l'existence des formations de premier secours reste méconnue. La plupart des participants sont aujourd'hui des professionnels qui doivent passer cette formation pour exercer leur métier (ambulancier,...). Le but de cette formation est d'apprendre les gestes de premiers soins avant l'arrivée des secours.
La formation est bénéfique pour les petits traumatismes de la vie quotidienne. Elle s'avère aussi une expérience utile de par l'intervention de formateurs aguéris au secourisme qui ne manquent pas d'anedoctes plus ou moins dramatiques, notamment en matière d'intervention sur les accidents routiers.
Enfin, les gestes de premiers secours permettent d'être sensibilisés à la mise en sécurité de soi en cas de panne ou d'incident (bon placement du triangle de signalisation en cas de panne, port du gilet, vérification de la date d'expiration des éléments de la trousse de secours,...) et d'apporter une première aide, sans se mettre en danger, à des accidentés de la route.
Si la mise en place du contrôle technique a permis d'améliorer l'état général des véhicules, il reste encore un pas à faire pour améliorer le suivi des voitures. Notamment, peu de personnes sont sensibilisées au fait qu'un contrôle régulier de la pression des pneumatiques est indispensable.
Si les avertisseurs de pression deviennent de plus en plus courants comme équipement de série, ces derniers, pour la plupart, ne sont pas sensibles à une perte de pression de moins de 0,5 bar. Or, à cette échelle de grandeur, le conducteur ne remarquera pas cette perte (on estime qu'un conducteur ressent une perte de pression dans le pneu lorsqu'elle atteint 1 bar). Pourtant, le pneu peut déjà subir une usure prématurée et diminuer les capacités d'adhérence du véhicule.
Les stations de gonflage restent peu nombreuses et peu accessibles, rendant de fait difficile une sensibilisation du grand public. Pire, certaines opérations sont organisées l'été sur les aires d'autoroutes. Or, contrôler la pression d'un pneu lorsqu'il est chaud (ce qui est le cas sur un parcours autoroutier) est néfaste car la pression est systématiquement surévaluée (plus l'air est chaud, plus il se dilate; le volume du pneu restant constant, la pression de ce dernier augmente).
Outre les pannes, il est important pour les conducteurs de se familiariser avec son véhicule. Ce n'est pas une fois que le conducteur se trouve dans une zone de brouillard qu'il doit se poser la question de l'activation des feux antibrouillards. C'est une source de distraction certaine alors que les conditions de circulation requièrent une forte concentration sur la route.
La conduite est injustement considérée comme un acte banal. Une pratique corroborée par le fait que les autorités axent leurs politique de contrôles sur la vitesse et l'alcool. Or, ces deux facteurs sont loin d'expliquer nombre d'accidents. Il est souvent surprenant de constater que beaucoup d'accidents se produisent en pleine ligne droite et par temps dégagé.
En effet, la conduite demande beaucoup de concentration. Or, cette concentration est souvent mise à mal par différentes sources de distractions (téléphone, conversation avec les autres passagers, ...) et par la fatigue (cause principale d'accident mortel sur autoroute).
En sensibilisant le public grâce à une information complète, une formation adaptée aux situations d'urgence et une formation aux premiers secours, les autorités auraient l'occasion de responsabiliser les conducteurs pour que ces derniers puissent prendre la bonne décision au bon moment lorsqu'un évènement inattendu se produit.
Respecter les limitations de vitesse et la limite d'alcool dans le sang sont peut-être deux bonnes choses, mais elles ne suffiront pas à éviter un accident. Il faut par ailleurs que chaque conducteur ait une parfaite connaissance de son véhicule, tant de son équipement que de son état, pour être en mesure d'imprimer la bonne action en cas d'urgence.
Crédits photos: Wikimedia Commons / Peugeot Driving Academy / Euro NCAP / Croix Rouge de Belgique / Bridgestone
Quand vous dites "diminuer les capacités d'adhérence", est-ce une conséquence du manque de pression ou bien la conséquence d'une "usure prématurée" ?
Car j'imaginais plus le manque de pression causer un éclatement ou pire un déjantage.